Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/304

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qu’il est inutile de donner au pays de fausses espérances en lui représentant l’ennemi comme étant en déroute20. Le commandant Herbillon n’est peut-être pas de ceux dont il faut corriger les exagérations, mais il a, au G. Q. G., des camarades que la victoire a littéralement enivrés et qui croient la campagne finie.

L’Indépendant des Pyrénées-Orientales a publié hier, sous la signature de M. Emmanuel Brousse, un article qui contient cette phrase, attribuée par l’auteur à l’un de ses amis : « À Bordeaux, on sable le champagne, on fume, on plaisante, pendant que là-bas nos petits soldats vont se faire trouer la peau pour conserver le bien-être de ces gens-là. Passe encore quand la noce se fait dans les salles de restaurant, mais dimanche on a vu des ministres, venant de passer une agréable journée à Arcachon avec des dames, circuler dans les rues de Bordeaux, montés dans des automobiles pleines de fleurs et conduites par des militaires. » Il parait qu’à cause de cet entrefilet l’Indépendant a été suspendu pour un mois par le général commandant la 16e région. En Conseil des ministres, MM. Millerand et Malvy font réduire la suspension à quelques jours. Mais tous les ministres protestent avec la même indignation contre ce qu’ils appellent des racontars. Après la séance, M. Malvy me prend à part. Il me dit qu’ayant été un peu souffrant, il est allé passer l’après-midi de dimanche à Arcachon chez un ami et, qu’au départ, des associations locales, ayant connu sa présence, lui ont offert des fleurs. Il m’affirme, avec beaucoup de force,