Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/310

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devant la galerie pour rester insensible aux flatteries de ceux qui ont fait miroiter à ses yeux la réalisation grandiose du rêve dont il a toujours été hanté : être le grand empereur, le dominateur du monde, devant qui tout tremble et s’incline. »

Comme pour corriger par un trait plus flatteur ces vivants portraits de l’empereur et de son héritier présomptif, l’agence Wolff annonce avec insistance que l’armée du kronprinz assiège et bombarde la place de Verdun. Joffre télégramme que la nouvelle est fausse de tous points et nous prie de la démentir. Mais notre démenti ne pénétrera pas en Allemagne et tout le monde y attribuera de bonne foi au kronprinz la gloire d’un grand succès. Or, la vérité est que la 5e armée allemande a échoué dans toutes ses tentatives. Dans les premiers jours du mois, elle a tenté de déborder l’aile gauche de notre 3e armée, commandée par le général Sarrail, en la coupant de la 4e, commandée par le général de Langle de Cary. Mais, dans l’intervalle qui séparait nos deux armées, Sarrail a glissé un nouveau corps, le XVe, et le kronprinz n’a pas passé. En revanche, sur la droite de notre 3e armée, certains forts de Verdun ont été bombardés, et sur ses derrières des unités allemandes, venues de la Woëvre, se sont approchées, au nord de Saint-Mihiel, du fort de Troyon auquel elles ont par deux fois donné l’assaut, mais sans pouvoir s’en emparer. Le 10 septembre, une nouvelle attaque du kronprinz sur notre 3e armée a encore échoué et, le 13, la 5e armée allemande était en pleine retraite. Aujourd’hui les troupes du Ve corps allemand, qui occupaient, aux environs du fort de Troyon, la rive droite de la Meuse, se replient elles-mêmes dans la plaine de la Woëvre. Mais