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nous avons fait de nombreux prisonniers aux XIIe et XVe corps allemands et à la garde impériale. L’ennemi s’est épuisé à tenter de reprendre Reims ; il n’y a pas réussi ; il s’est vengé en bombardant la ville ; il s’est, en particulier, acharné contre la vieille basilique, comme s’il éprouvait un plaisir malsain à renouveler l’outrage déjà fait à la cathédrale de Malines. Le G. Q. G. n’a pu naturellement rester installé aussi près de la ligne de feu. Il s’est retiré dans l’Aube, à Romilly-sur-Seine.



2. Voir L’Europe sous les armes, p. 272.


Dimanche 20 septembre

Nos troupes marquent le pas. Elles n’ont pu avancer dans la région boisée autour de Noyon. Elles livrent dans les Vosges des combats incertains et confus. Elles ont pris le massif de la Pompelle, près de Reims, mais elles ont perdu la hauteur de Brimont. Le bombardement de la ville a redoublé aujourd’hui. Il a surtout porté sur la cathédrale, qui est en partie détruite. La bibliothèque de l’archevêché est en ruines. La sous-préfecture est incendiée. Un adjoint au maire, le docteur Jacquin, a été tué3. D’accord avec le Conseil des ministres, Delcassé envoie à tous nos agents diplomatiques un télégramme-circulaire où nous dénonçons ces actes de vandalisme au monde civilisé. Mais jusqu’ici le monde civilisé a des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre.

Au demeurant, les espérances du G. Q. G. sont encore déçues. Nous n’avançons pas. C’est l’ennemi qui a pris une offensive violente contre nous et contre les Anglais au nord de la rivière d’Aisne