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maintenant de la place pour prendre position, comme notre attaché militaire le suggère, dans la région de Gand, à côté de nos troupes et d’une division que nous demandons à l’Angleterre.

Joffre propose alors la conciliation suivante16. Toute l’armée de campagne sortirait d’Anvers. On ne laisserait dans la place que la garnison nécessaire à la défense. Des troupes françaises partant de Dunkerque seraient dirigées sur la région de Courtrai, pour agir en liaison avec l’armée belge, si celle-ci était amenée à se retirer sur Bruges et sur Ostende. Un gros détachement de forces françaises, comprenant une masse considérable de cavalerie, est en voie de formation dans la région d’Arras - Douai. En outre, des forces anglaises importantes, dont une partie va débarquer à Boulogne, doivent être dirigées sur Lille. Les unes et les autres seront en état d’assurer éventuellement la sécurité de l’armée belge. Aussitôt ce dispositif réalisé, cette armée se trouvera à l’aile gauche des armées alliées et en contact étroit avec elles, Joffre attire l’attention de Millerand sur le caractère absolument secret de ce plan qui, en Belgique, ne doit être, pour l’instant, connu que du roi Albert.

Mais il y a urgence, car aujourd’hui encore le gouvernement belge nous répète que la chute d’Anvers peut être imminente. Le général de Guise, gouverneur de la place, déclare qu’il ne répond de rien, en présence des effets foudroyants que produit l’artillerie lourde ennemie17. Il semble maintenant que les Allemands disposent, devant la place, de mortiers de 400 et de 420.