Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/385

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au moins, retardées nos tentatives de liaison avec les Belges. D’autre part, dans la Woëvre, las efforts que nous faisons pour dégager Saint-Mihiel par Saint-Agnant et Apremont, demeurent jusqu’ici infructueux.

J’ai reçu du prince héritier de Roumanie un télégramme que rien ne me faisait prévoir : « Monsieur le président Poincaré, Bordeaux. C’est avec une profonde douleur que je vous annonce, monsieur le président, la triste nouvelle du décès du roi Charles, mon oncle bien-aimé. Signé : FERDINAND. » J’exprime immédiatement mes sympathies au prince héritier et à la Roumanie, mais la mort de ce souverain si passionnément germanophile ne me plonge pas, je l’avoue, dans une grande affliction.



11. Ostende, 10 octobre, n° 552.


Dimanche 11 octobre

Je suis enfin renseigné sur la véritable cause de l’occupation de Saint-Mihiel. Les Allemands avaient exercé une double pression sur notre front autour de Verdun, l’une à l’ouest vers l’Argonne, l’autre au sud-est vers les Hauts-de-Meuse, probablement dans l’intention d’encercler et d’investir la place. Le VIIIe corps, qui était à Saint-Mihiel et dans les environs, avait été enlevé précipitamment pour être porté dans l’Argonne menacée et il n’était resté, sur la rive droite de la Meuse, entre Vigneulles et Saint-Mihiel, qu’une division de réservistes. Les Allemands en avaient eu facilement raison et s’étaient immédiatement glissés par les côtes jusqu’à la ville, où ils ont pénétré sans combat. Quant au fort ils n’y sont pas venus de Saint-Mihiel ; ils l’ont attaqué par derrière à la sortie des bois, et enlevé après bombardement.