Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/452

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de forces actives, il réclame le bataillon d’Afrique qu’il avait cru pouvoir envoyer, ces jours-ci, en France. Millerand lui expédie, aujourd’hui même, une batterie et un bataillon. On va tâcher également de lui envoyer quelques tirailleurs indigènes. À cette époque de l’année, ils ont froid en France ; ils ne pourront plus guère s’y battre pendant l’hiver.

Viviani ne rentre de Paris que ce soir. Briand est déjà parti hier pour l’y remplacer. Guesde et Sembat s’y sont également rendus pour la réunion mensuelle du parti socialiste. Fernand David est en tournée agricole. Le gouvernement se disperse. Le moment va-t-il venir où je serai condamné à le représenter seul à Bordeaux ?

Il paraît que les principaux personnages politiques du Caire sont opposés à un protectorat britannique, qui laisserait aux Égyptiens la nationalité ottomane. Ils préféreraient l’annexion, avec un régime tel que celui des musulmans de l’Inde. Le gouvernement anglais nous prévient qu’il compte se rallier à cette solution et qu’il ne ferait aucune objection à ce que nous prissions nous-mêmes le parti d’annexer la Tunisie et le Maroc16. Mais nous n’avons aucune raison d’imiter, sur ce point, nos amis anglais. Nous n’avons à nous plaindre, ni au Maroc, ni en Tunisie, des souverains indigènes. Nous ne voulons pas donner à des populations fidèles l’impression que leur statut est à notre discrétion. Il serait, du reste, dangereux, au moment où nous entrons en guerre avec la Turquie, de mécontenter les musulmans qui vivent à l’abri du drapeau français.