Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/473

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la nuit tombante, notre petit cortège d’automobiles se dirige, en grande vitesse, vers le camp de Châlons, qui apparaît tout à coup devant nous, plein de vie et d’animation. Les territoriaux de la région de Montauban y sont installés dans de vastes hangars, qu’éclairent mal de pauvres bougies. Certains d’entre eux font leur cuisine dans la boue du camp à la pâle lueur des falots. Je les interroge sur la correspondance postale, sur leur santé, sur leur nourriture. Tous se déclarent satisfaits et, si tous peut-être ne le sont pas, ils ont, du moins, la fierté de vouloir le paraître.

Je visite longuement les ambulances du camp et les hôpitaux de la ville de Châlons. Beaucoup de grands blessés, dont le moral, ici encore, est parfait. Mais, par malheur, de nombreux cas de fièvre typhoïde, et ce commencement d’épidémie paraît gagner plusieurs armées.

Le soir, je retiens à dîner, à la préfecture, les généraux et les officiers d’état-major. Si confiant que soit Langle de Cary, il croit, contrairement à Joffre, que les Allemands vont tenter une attaque nouvelle.

Nous apprenons par un coup de téléphone de l’Élysée, que la bataille de Lodz se poursuit dans les conditions les plus favorables pour les Russes. La défaite des Allemands paraît complète. Le nombre des prisonniers qu’on leur a faits est énorme1.



1. De Petrograd, nos 982 et 987.


Vendredi 27 novembre

Nous partons pour l’Argonne, avec le général de Langle de Cary. Temps humide et glacial.