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forts permanents, qui ne résistent pas à l’artillerie lourde. Le camp retranché de Toul n’a, d’ailleurs, à redouter pour le moment que les visites des taubes et des aviatiks. Il n’a point affaire à l’artillerie allemande. Cette place que nous croyions une des gardiennes les plus nécessaires et les plus exposées de notre frontière de l’Est demeure aujourd’hui à l’abri des tentatives de l’ennemi, alors que Maubeuge, que protégeait la neutralité belge, est prise et occupée.

Nous arrivons à Nancy à la fin de l’après-midi et nous sommes reçus à la préfecture par M. Mir-man, sa femme et ses filles, qui ont donné, depuis quelques semaines, aux populations lorraines de si beaux exemples de courage. La gracieuse ville de Stanislas est remise de l’alerte qu’elle a eue au moment de la bataille du Grand-Couronné. Elle reste en butte aux raids d’avions et même aux bombardements à longue portée. Mais elle a bravement repris sa vie normale et les rues sont presque aussi animées qu’en temps de paix.



3. Quatre années de commandement, par le général DUBAIL. Fournier, éditeur, tome 1er, p. 249 et s.
4. « J’expose au président la situation de la 1re armée. Je vois qu’il est parfaitement au courant des opérations : il s’y intéresse d’une façon toute particulière. » Op. cit., p. 253.

Dimanche 29 novembre

Le général Dubail, qui est venu nous retrouver à Nancy, nous conduit, dans la matinée, Dubost, Deschanel et moi, sur les principales positions du Grand-Couronné et sur les champs de bataille des mois d’août et de septembre. Je retrouve le paysage que j’ai connu dans ma jeunesse, pendant mon volontariat militaire, et les friches où j’ai si souvent manœuvré avec le 26e régiment. Les mêmes collines ont été cette année témoins d’opérations moins inoffensives5. Nous passons à