Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/496

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retour définitif que pour le courant de janvier. Je lui répète, une fois encore, combien je trouve injustifiables ces retards successifs. Mais je suis, comme lui, d’avis qu’il est impossible de restreindre la mission de Gallieni sans lui en avoir trouvé une qui soit réellement digne de lui. D’accord avec moi, Viviani téléphone à Millerand que nous prions le Conseil de ne prendre, en notre absence, aucune décision à cet endroit.

Dans la journée, je reçois Barthou, auquel le vote de la loi de trois ans aurait dû valoir, depuis la guerre, son retour au pouvoir, mais que le souvenir du procès-verbal Fabre16 a empêché Viviani d’appeler dans son cabinet élargi, alors que M. Caillaux en était écarté. Lui aussi, Barthou, brûle maintenant d’être employé et il est certainement fâcheux qu’il ne le soit pas. Il accepterait, volontiers, me dit-il, de présider, comme le lui a offert Viviani, une Commission d’organisation de l’Alsace-Lorraine. Il faut, en effet, préparer dès maintenant un statut pour les communes qui sont occupées par nos troupes. J’indique à Barthou que, d’une part, une Commission qui paraît le produit d’une génération spontanée, fonctionne déjà dans les locaux du Conseil d’État et que, d’autre part, le G. Q. G. a pris des mesures locales. Le général Dubail m’a même dit l’autre jour, devant les présidents des Chambres et devant le président du Conseil, et nous l’avons approuvé tous les quatre : « Je fais rétribuer les prêtres en Alsace et je promets aux populations de respecter leurs usages. » — « Je suis exactement dans le même état d’esprit, me dit Barthou, mais il