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faudra évidemment coordonner le travail des militaires et des civils. Comme président d’une commission générale, je me chargerai volontiers d’établir la liaison. »

Après avoir communiqué téléphoniquement avec Delcassé, M. Jules Cambon a revu le cardinal Amette. Il lui a fait part des objections que soulèverait une trêve de Noël. Le G. Q. G. croit qu’il serait dangereux de suspendre, même pendant vingt-quatre heures, les opérations en cours. Le cardinal a parfaitement compris ce motif de refus. Il trouve, du reste, que la bonne foi de l’armée allemande est trop suspecte pour que nous puissions nous fier aux engagements qui seraient pris. Il va prévenir lui-même le Vatican17.



16. Voir L’Union sacrée, p. 79 et s.
17. De M. Jules Cambon à M. Delcassé, 1er décembre, n° 157.

Jeudi 3 décembre

J’ai quitté Paris hier soir, par chemin de fer, et je suis revenu, bien malgré moi, dans cette préfecture de la Gironde, où le gouvernement croit encore devoir tenir ses conseils. Cette fois, du moins, Mme Poincaré a été laissée libre de rester au milieu de la population parisienne et de s’intéresser aux œuvres qui réclament son concours.

J’apprends, en arrivant à Bordeaux, la mort de l’un des vieux officiers de ma maison militaire, le brave colonel Gauchotte, né dans l’humble village meusien de Courcelles-aux-Bois, où mon grand-père maternel avait son pied-à-terre de chasse et où j’ai, tout enfant, planté des sapinières. Le colonel avait été frappé ces jours derniers d’une attaque d’apoplexie et il vient de succomber.