Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/507

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avons bien regardé, bien compris et bien admiré, et décrit de notre mieux, le jeune homme de là-bas, notre frère, obligé de faire son temps au service de l’Allemagne et la jeune fille qui repousse le lourdaud allemand. On ne voulait pas toujours nous croire, on trouvait aussi que nous insistions trop. Et pourtant, aujourd’hui encore, Paul Ehrmann (ou du moins ses camarades qui, moins heureux que lui, moins agiles, moins bien renseignés, ont dû rester dans les rangs allemands) est pris par beaucoup de Français pour un véritable ennemi. » Et Barrés proteste, non sans raison, contre l’excessive facilité avec laquelle des Alsaciens et des Alsaciennes ont été emmenés dans des camps de concentration. Il signale que des femmes gisent depuis quatre mois couchées sur la paille, dans une promiscuité dégoûtante, et il conclut : « Voici l’hiver. Pour son Noël, Colette a faim, Colette a froid, et c’est en France. Qu’on ne m’envoie pas d’argent pour ces pauvres filles. Je ne saurais comment l’employer utilement. Mais je me tourne avec respect vers Mme Poincaré et je la prie de daigner examiner, dans sa parfaite bienveillance, ce qu’il serait possible de faire pour sauver nos compatriotes lorrains et leurs amies, nos sœurs d’Alsace, » Ma femme attire mon attention sur les faits qui ont ému Maurice Barrés et qui révèlent d’impardonnables maladresses ou même de coupables abus. Elle va faire ce qui pourra dépendre d’elle pour secourir les familles les plus malheureuses, mais il faut évidemment que le gouvernement organise des tournées d’inspection dans les camps de concentration et qu’on libère les Alsaciens d’origine connue. On pourra employer à cet examen MM. Laugel, Wetterlé,