Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/539

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beaucoup plus encore, et peut-être avec beaucoup plus de raison, s’il avait la fatuité de vouloir se passer d’eux. On ne manquerait pas de dire alors qu’ils substitue son incompétence à la compétence des gens de métier.

Notre attaché militaire en Serbie nous donne quelques nouveaux détails sur la situation de la petite armée qui vient de reprendre Belgrade. Les effectifs sont dévorés dans la proportion de 50 pour 100. Les divisions d’infanterie sont squeletti-ques, elles ne comptent plus que 7 ou 8 000 hommes. Au total, la Serbie ne pourrait plus disposer actuellement que de 110 ou 120 000 soldats. La classe 1915 vient d’être appelée et, quand l’instruction sera terminée, fournira un contingent de 40 000 recrues. Les munitions manquent de nouveau. Néanmoins, le sentiment de la victoire acquise donne à l’armée serbe une force morale considérable18. La force morale, je la vois en France, en Angleterre, en Serbie, en Russie ; mais je ne puis pas me défendre de constater, en même temps, qu’en Allemagne elle trouve dans la force matérielle un incomparable stimulant.

Je visite au Jeu de Paume les dépôts du comité d’aide et de prévoyance militaire, institué sous le patronage de la Chambre de commerce de Paris. Le président, M. David Mennet, me dit que 196 000 colis sont déjà partis pour le front. Mme Poincaré a elle-même installé à l’Élysée, avec le concours de quelques amies, un petit atelier du même genre, et chaque jour qui passe accroît le nombre de ses filleuls de guerre. Mais comment faire assez pour tous ces braves gens ?



18. De Nisch, nos 420 et 421.