Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/545

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nous avons repris Givenchy. Près du Moulin de Perthes-les-Hurlus, nous avons péniblement conquis 800 mètres. Dans le bois de la Gruerie, 150 ou 200 mètres. Rien de plus.


Jeudi 24 décembre

Triste veille de Noël. Finalement, les troupes n’auront même pas, pour leur réveillon, la suspension d’armes que le pape avait eu la pensée de leur offrir. L’accord n’a pu se faire avec les alliés orthodoxes ni même avec l’état-major français, qui ne croyait pas pouvoir interrompre ses offensives.

Mme Poincaré passe la journée à distribuer, dans les salles de la mairie du XIe arrondissement, place Voltaire, des vêtements et des jouets à six mille enfants de mobilisés.

Nous essayons la télégraphie sans fil entre notre poste de Lyon et Moscou. L’empereur de Russie assiste aux émissions faites dans sa ville sainte et il échange quelques mots avec moi. « Recevez, me télégraphie-t-il, avec l’expression de mes sentiments sincèrement amicaux, mes meilleurs souhaits pour les fêtes de Noël. » Les ondes m’arrivent directement, sans être brouillées ; mais les fêtes, les fêtes, où sont-elles ?

Mon ami Brieux, qui se dévoue tout entier à des œuvres patriotiques, est allé aux États-Unis pour y défendre la cause française et pour représenter l’Académie à la réunion organisée par l’Académie américaine des arts et des lettres. Je lui ai remis un mot pour le président Wilson et j’ai saisi cette occasion pour exprimer à ce dernier le regret que les événements ne m’eussent pas permis de me rendre à l’invitation que M. Nicolas Murray Butler