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moment où notre intérêt nous commanderait de nous engager d’un autre26. »

Nos attaques ont recommencé en Champagne ; elles ont été aussi coûteuses et n’ont pas eu plus de succès que le 20 et le 21 décembre. Nous sommes partout devant une forteresse inexpugnable.



25. De Nisch, n° 434.
26. De M. Delcassé à M. Barrère, n° 543.


Jeudi 31 décembre

Au Conseil des ministres, M. Malvy m’apprend que la censure a coupé ce matin la moitié d’un article que Clemenceau m’avait entièrement consacré. Dans la première partie, qu’on n’a pas « blanchie » et qui a paru telle qu’elle avait été composée, l’infatigable polémiste raconte qu’à ma demande, Millerand a fait venir des dragons du front pour m’escorter demain, 1er janvier, dans mes visites officielles aux présidents des Chambres. Dans la seconde partie, celle qui a été supprimée, Clemenceau alléguait que j’avais eu le triste courage de faire augmenter mes frais de représentation, pendant que des malheureux mouraient de faim.

Si habitué que je fusse aux injustes fantaisies d’un homme qui méprise l’humanité, parce qu’il s’en est fait, une fois pour toutes, une image méprisable, j’ai été, je l’avoue, indigné par la double calomnie dont il cherchait à atteindre, en des heures comme celle-ci, le citoyen qui a, malgré tout, la charge de représenter la France aux yeux des combattants, et des mères, et de l’étranger. J’ai donc fait porter à M. Clemenceau la lettre que voici :