Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/61

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le prier de nous donner l’assurance qu’aucune troupe austro-hongroise n’a été transportée vers l’ouest en dehors du territoire autrichien. » À quoi, M. Dumaine réplique aussitôt : « Le comte Berchtold déclare en termes formels qu’aucune troupe austro-hongroise n’a été transportée vers l’ouest en dehors du territoire autrichien. » Où est la vérité ? Et comment la pouvons-nous discerner, entre les affirmations réitérées de nos agents et les démentis obstinés du Ballplatz ? Quoi qu’il en soit, l’Autriche est en guerre avec un peuple allié de la France ; la flotte autrichienne croise dans l’Adriatique ; elle bloque les côtes du Monténégro1 et la Russie commence à trouver équivoque notre position à l’égard de ses ennemis. M. Sazonoff demande avec insistance à M. Paléologue si notre flotte de la Méditerranée doit rester indéfiniment inactive en face de l’escadre autrichienne2.

M. Maurice Bompard nous presse, lui aussi, de sortir de l’expectative où nous nous attardons3. Si le Gœben et le Breslau entrent en Marmara et même si, par subterfuge, la Turquie désarme momentanément les deux navires, ils n’en constitueront pas moins pour elle une force navale potentielle, puisque, le cas échéant, rien ne sera plus aisé que de les armer de nouveau. Il y a donc grand intérêt, dit M. Bompard, à ce que les escadres combinées de la France et de l’Angleterre réduisent sans tarder à l’impuissance la flotte austro-allemande de l’Adriatique.

Les ministres de la Guerre et de la Marine, MM. Messimy et Augagneur, pensent également