Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/79

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l’amour-propre du roi Charles ne finisse par se cabrer. Le Hohenzollern roumain a déjà grand’peine à accepter le maintien de la neutralité16.

Quant à I’Italie, elle n’a nullement donné au marquis Carlotti di Riparbella, son distingué représentant à Saint-Pétersbourg, le mandat de négocier avec M. Sazonoff. C’est à titre rigoureusement privé que l’ambassadeur cause avec le ministre russe des Affaires étrangères17. Sous cette réserve, le marquis Carlotti n’a pas dissimulé à M. Sazonoff qu’indépendamment du Trentin, de Trieste et de Vallona, il faudrait donner à son pays le littoral de Dalmatie ; et il a confié, en grand mystère, à son interlocuteur, que l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie s’efforçaient, de leur côté, d’obtenir le concours de l’Italie en lui promettant, dès aujourd’hui, Nice et la Savoie, la Corse et la Tunisie. M. Sazonoff cependant ne se décourage pas et, en attendant que l’Italie fasse son choix entre les galants qui la courtisent, il consacre de nouveau son ingéniosité au jeu de patience des Balkans.

Le décret de mobilisation de l’armée grecque a été signé hier par le roi Constantin18. Il doit être publié dès que paraîtra en Bulgarie l’ordre de mobilisation annoncé pour aujourd’hui ou demain. Le retour de la reine de Grèce est. attendu avec inquiétude par la population athénienne. On croit que la sœur de Guillaume II vient apporter son appui aux démarches que l’empereur a faites auprès de la cour et qui n’ont point abouti. M. Venizelos a déclaré à notre ministre que si la Bulgarie