Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/89

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quelques secondes d’hésitation, le grand vizir a répondu : « Ils seront renvoyés » Il a ajouté, sans rire, que cet achat ne modifiait pas la politique de neutralité du gouvernement ottoman.

M. Paléologue télégraphie, d’ailleurs, que la Porte n’a rien à redouter de la Russie. Le tsar et ses ministres ne méditent aucune entreprise contre l’intégrité de l’empire ottoman27. Mais, si rassurée qu’elle puisse être du côté russe, la Turquie ne semble déjà plus libre ; elle est tenue en laisse par l’Allemagne.

En même temps, l’Autriche redouble sa pression sur la Bulgarie28. Elle parait bien avoir fait à Sofia des offres concrètes et avoir promis toute la Macédoine, Salonique et une partie de l’ancienne Serbie. Elle a, d’autre part, notifié au Monténégro le blocus de son littoral et de la côte albanaise. Le roi Nicolas est inquiet pour le ravitaillement de Cettigné et demande avec insistance qu’une escadre française vienne sauver de la famine son peuple de montagnards29.

Les télégrammes qui nous arrivent de tous les points du monde nous prouvent qu’il n’est plus un pays où la propagande germanique n’exploite et n’exagère les défaites des troupes belges et françaises30. Tout n’est malheureusement pas faux dans les nouvelles ainsi répandues. Notre ambassadeur à Berne nous informe31 qu’une note officielle de Berlin relate un grave échec subi par