Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/146

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renseignements, l’Allemagne va déclarer la guerre à la Hollande pour se ménager de nouvelles bases maritimes et avoir les coudées franches derrière la Belgique. « Que pourra-t-on faire, en ce cas, pour soutenir la Hollande ? » s’est écrié le ministre anglais. Pour toute réponse, Joffre s’est borné à lever les bras au ciel.

Millerand est, au total, très satisfait de son entretien avec son collègue britannique, mais il a trouvé le maréchal French et son ministre assez crêtés l’un contre l’autre.

Delcassé annonce joyeusement au Conseil qu’il y a maintenant neuf chances sur dix pour que l’Italie entre en action. Mais autant il était prêt, au début, à sacrifier exagérément les intérêts de la Serbie, autant Sazonoff est tombé dans l’excès contraire et s’est d’abord montré disposé à négliger les avantages de l’intervention italienne. Delcassé a dû envoyer avant-hier à Paléologue un télégramme (492 et, s.), que j’ai trouvé hier en rentrant, qu’il a lu ce matin au Conseil et qui a enthousiasmé Ribot, Thomson et Sembat. L’Italie a fait un pas. (Londres, n° 544.) D’après une note communiquée par M. Isvolsky, la Russie, de son côté, en a fait un. (Petrograd, nos 482 et 483.) Elle a chargé le comte Benckendorff de dire à Grey qu’elle comptait sur lui pour obtenir le plus possible en faveur de la Serbie, mais elle n’a pas maintenu une position intransigeante. Tout semblait donc en voie d’arrangement, quand Sazonoff, sous prétexte de ne pas violenter la conscience slave, s’est encore ravisé et a répondu aux télégrammes de Delcassé que l’Italie n’était plus libre de ne pas attaquer l’Autriche, qu’elle sortirait de la neutralité en tout état de cause et qu’il n’y avait donc aucune bonne raison de se