Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/48

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tion : « Marcherez-vous à telle date, si nous envoyons un corps franco-anglais ? » Si la Roumanie répondait négativement, on renoncerait au projet. Dans la conférence qui vient d’avoir lieu entre Viviani, Ribot, Millerand, Delcassé, Bark et Lloyd George, le ministre français de la Guerre a encore combattu l’idée britannique, parce qu’il continue, comme Joffre, à juger indispensable la présence de ces deux divisions sur notre front. Mais est-il impossible que nous en formions une avec les troupes de l’intérieur et que Kitchener en constitue une autre, en dehors des quatre qui doivent arriver en France avant la fin de février ?

Ribot me rend compte, d’autre part, de la conversation financière qu’il a eue avec Bark et avec Lloyd George. La France y était représentée par lui, par Viviani, par MM. Sergent, Lemm et Octave Homberg ; l’Angleterre par MM. Lloyd George, Montagu et Cunliffe ; la Russie par MM. Bark, Fedosiev, Chatelain et Raffalovitch. Le chancelier de l’Échiquier ne veut pas entendre parler d’un emprunt collectif émis au profit des trois nations alliées. Il désirerait, en revanche, que l’encaisse métallique de la Banque de France pût être mise au service de l’Angleterre, si la provision d’or venait à diminuer au delà du détroit. Ribot est, avec raison, très opposé à une combinaison qui risquerait de déprécier notre billet. Tout au plus pourrait-on prêter à l’Angleterre une somme déterminée, par exemple 150 millions, s’il survenait un danger immédiat. En retour, il faudrait que l’Angleterre consentît à nous ouvrir son marché ou qu’en tout cas elle n’interdît pas à ses banques de prendre nos bons de la Défense nationale. Ribot désirerait, en outre, que la Triple-Entente se concertât pour émettre en com-