Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/64

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mandé lui-même cette expédition des trois puissances, en réponse aux conseils d’intervention qu’elles avaient cru pouvoir donner à la Grèce. Venizelos avait, d’ailleurs, prudemment indiqué dans cette note que son pays ne marcherait que d’accord avec la Roumanie. Il se chargera donc de pressentir le cabinet de Bucarest et ainsi nous ne risquerons pas d’essuyer un refus direct du gouvernement roumain, que les échecs russes semblent actuellement détourner de l’action. En réalité, tous nos efforts diplomatiques sont, en ce moment, paralysés par l’inertie de la Russie.

Je donne connaissance au Conseil d’une démarche assez anormale que vient de faire auprès de moi la commission de l’armée du Sénat. C’est la première fois, je crois, qu’une commission parlementaire s’adresse directement au président de la République, qui, aux termes de l’article 6 de la loi constitutionnelle du 16 juillet 1875, ne peut communiquer avec les Chambres que par des messages dont un ministre donne lecture. Mais l’état de guerre excuse peut-être certaines dérogations aux règles et aux usages. Freycinet, président de la commission, me transmet donc une délibération que cette commission a prise le 9 février et dans sa lettre officielle d’envoi il ajoute quelques mots personnels pour me demander de le recevoir, ainsi que le bureau de la commission, c’est-à-dire Léon Bourgeois, Boudenoot, Clemenceau et Doumer[1].

La délibération jointe est très longue. Elle rappelle d’abord les considérations présentées au

  1. V. Mermeix, Au sein des commissions, libr. Ollendorff, p. 258 et suiv.