Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/75

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que M. Sembat a assisté à ce Congrès comme délégué du parti socialiste français, et non comme membre du gouvernement, que son but était d’empêcher des divergences de se produire sur la nécessité de la guerre à outrance, comme on le redoutait notamment de certains représentants du socialisme anglais ; qu’en fait, on a obtenu l’unanimité pour proclamer « l’écrasement militaire » de l’Allemagne ; que M. Sembat doit certainement regretter de n’avoir pu empêcher la troisième résolution du Congrès, due à l’initiative des délégués russes, car à Paris, il y a quelques jours, à la conférence préliminaire du Congrès de Londres, il s’était attaché à faire ressortir l’efficacité du concours de la Russie, déclarant expressément : « Dites sans crainte que, sans la Russie, nous aurions été débordés. Réfléchissez à cela chaque fois que vous êtes heurtés par quelque conséquence du régime intérieur de ce grand pays. » M. Sembat, qui n’est pas encore de retour, protesterait tout le premier contre la pensée qu’il est allé au Congrès de Londres autrement qu’en qualité de socialiste et qu’il a pu, dans une mesure quelconque, y engager la responsabilité du gouvernement. » Bien entendu, l’Homme enchaîné ne laisse pas échapper une si belle occasion de reprendre la campagne non seulement contre Sembat, mais contre Viviani, contre Delcassé et contre le président de la République, « paradeur, oscillant de l’extrême grandeur à l’extrême misère, redevable aux cléricaux de son trône de carton, »

Harcelé par plusieurs députés, qu’a scandalisés la motion socialiste, Viviani vient me voir et me soumet, avant de la lire à la Chambre le jeudi 18, une déclaration très nette, où le gouvernement