Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/89

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population et poliment reçu par le général Fitcheff, ministre de la Guerre, mais le roi Ferdinand, averti de son arrivée, s’est abstenu de lui donner audience. (De M. de Panafieu, nos 86 et 87.) À Bucarest, la réception faite par les habitants a été enthousiaste. Une foule que le préfet de police a évaluée à 200 000 hommes a accompagné et acclamé le général. La ville était décorée de drapeaux français. Le roi et la reine ont reçu le glorieux blessé de 1870. Deux grands dîners ont été donnés en son honneur. Le gouvernement a facilité toutes ces manifestations sans s’y associer officiellement. M. Bratiano a répété à M. Blondel que l’heure de l’intervention roumaine sonnerait un jour, comme celle de l’intervention italienne, mais qu’à raison de l’attitude bulgare et des défaites russes, il fallait attendre des circonstances plus propices. (Bucarest, nos 79 et 80.)

Cependant l’activité intellectuelle des Allemands ne chôme pas plus que leur activité militaire. Elle s’exerce, en ce moment, à Washington en vue de faire ravitailler sous le contrôle américain la population civile de l’empire. En échange de cet incomparable avantage, l’Allemagne renoncerait, dit-elle, à la destruction systématique des navires de commerce. Dans la nuit du 23 au 24 février, au large de Boulogne, elle a coulé, sans semonce, avis ni capture préalable, le paquebot postal franco-anglais Victoria et quatre citoyens américains ont été parmi les victimes. Les États-Unis sont disposés à faire cesser un état de choses qui lèse aussi gravement leurs intérêts. Ils sont intervenus à Londres pour appuyer la proposition allemande. Mais l’Angleterre et la France, qui savent combien les difficultés économiques de l’Allemagne peuvent abréger la guerre, vont s’efforcer de déjouer cette