Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 9, 1932.djvu/20

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contrecarrer le projet n’ont pas abouti. Le ministre est très satisfait. Le chiffre de onze milliards va être sensiblement atteint. »

Le samedi 4 novembre, Sembat me présente un député socialiste, M. Cachin, et un jeune poilu en permission qui est leur ami politique et qui fait partie de la 120e division. Il me dit avec un peu d’aigreur que cette division est engagée depuis quarante-sept jours au sud de la Somme, qu’elle a été fatiguée et démoralisée par un si long effort, bien qu’elle soit, ajoute-t-il, composée d’excellents éléments et qu’elle ait aujourd’hui une confiance absolue dans la méthode employée. Relevée depuis quelques jours seulement, la 120e division cantonne dans de pauvres villages entre Amiens et Beauvais et n’a pas le moyen de se reposer véritablement. Les soldats, me dit mon visiteur inconnu, désireraient avoir de meilleurs cantonnements. Pour ne rien négliger, je transmets une note à Joffre et à Castelnau.

Lundi 6 novembre.

Je retourne à Souilly et à Verdun.

Je monte au fort de Belleville et m’y arrête assez longtemps sous une pluie d’obus. À mes pieds, je regarde les villages de Belleville et de Bras, entièrement ravagés. Je cause longuement, dans la journée, avec Pétain et Nivelle. Tous deux considèrent Verdun comme définitivement dégagé. Mais ils croient que, tout en continuant à y employer de l’activité, nous ne pouvons y chercher une décision stratégique. Ils pensent qu’il faut monter ailleurs d’autres opérations pour arriver à la victoire finale.

Nouvelle image de notre victoire de Verdun. Je suis allé passer quelques minutes dans la ville haute. Je me suis arrêté à l’évêché et j’ai trouvé