Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 9, 1932.djvu/30

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ouverte contre certains fabricants de carbure de calcium qui paraissent avoir été en relations avec Krupp avant la guerre et qui fournissaient l’Allemagne à l’exclusion de la Russie. Une instruction complémentaire va être ouverte pour intelligence avec des puissances étrangères. Tout cela sent mauvais. Que nous donnera l’année qui va venir ?

Le vieil empereur d’Autriche-Hongrie, François-Joseph, meurt le 21 novembre, épuisé de fatigue. Il avait quatre-vingt-sept ans et n’avait pas quitté un instant sa table de travail. C’était un souverain riche en bonnes intentions, de ces bonnes intentions dont l’enfer est pavé. Il n’a pas voulu le mal ; il n’a pas voulu la guerre ; mais il s’est entouré de gens qui ont fait les deux. Sans l’ultimatum de l’Autriche à la Serbie, sans l’occupation de Belgrade, sans l’invasion de la Serbie, l’Allemagne n’aurait pas eu de prétexte pour nous attaquer[1].

Paix soit maintenant à la mémoire du malheureux empereur !


La campagne défaitiste et pacifiste continue de faire des progrès dont s’inquiète la ministre de l’Intérieur. M. Jouhaux, qui a une attitude très patriotique, espère avoir la majorité à la prochaine réunion de la Confédération générale du Travail ; mais on y reçoit au secrétariat des lettres bien mauvaises et M. Brizon y prend une influence grandissante. Il y apparaît maintenant comme un personnage.

Au futur congrès des syndicats socialistes, la majorité nationale sera, paraît-il, très faible ou même douteuse et ce sera la dernière fois qu’on pourra en reformer une.

  1. Voir l’Union sacrée, p. 180, 181 et suiv.