Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 9, 1932.djvu/32

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est très hésitant. Plusieurs membres craignent que ces jeunes gens ne soient atteints par la rigueur de la saison et ne tombent malades. Finalement, le Conseil décide qu’on interdira jusqu’à nouvel ordre l’incorporation de la classe 1917 et qu’on enverra les jeunes gens dans les dépôts divisionnaires et dans les camps d’instruction.

Il cherche ensuite à centraliser les services de ravitaillement et à surveiller l’exécution rapide des mesures de restriction précédemment arrêtées. On avait été jusqu’à annoncer la nomination immédiate d’une grande commission dont la présidence serait confiée au président Armand Fallières.

Fouetté par plusieurs journaux et, en particulier par le Temps, le Conseil ajoute une nouvelle restriction à celles qui ont été décidées. C’est celle de l’alcool, qui va être interdit sur tout le territoire. L’application sera, sans doute, moins facile à assurer que le principe à adopter.

Vendredi 1er décembre.

La situation se gâte à Athènes. Nous payons la rançon de notre faiblesse. L’amiral Lacaze n’a pu déterminer Briand à suivre ses conseils de fermeté. Un certain nombre de nos marins, débarqués dans la capitale grecque, ont été tués ou blessés. D’autre part le Suffren vient d’être coulé près du cap Finistère. L’amiral m’annonce, les larmes aux yeux, ces tristes nouvelles. Nous décidons de préparer l’appareillage de transports à Toulon, d’arrêter et de séquestrer tous les bateaux grecs dans les ports, de n’en laisser aucun débarquer en vieille Grèce. « Nous n’aurions eu à prendre aucune de ces mesures, me dit l’amiral, et nous serions maîtres de la situation, si, par condescendance envers Constantin, nous n’avions aussi longtemps retardé notre débarquement et si, au lieu