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de débarquer une poignée d’hommes, nous avions fait entrer à Athènes une troupe un peu importante. »

Samedi 2 décembre.

Briand dit au Conseil que le vœu général de la Chambre lui paraît être l’organisation d’un état-major interallié et que, s’il pouvait annoncer cette création, avec Joffre à la tête, il y aurait unanimité d’approbation. Mais personne jusqu’ici n’est sérieusement pressenti, ni Joffre, ni les Alliés.

Les jours passent. En Conseil sont prises les décisions suivantes :

À Sarrail, qui propose d’attaquer tout de suite les Grecs dans la direction de Larissa et d’Athènes, on prescrit de concentrer ses troupes, mais d’attendre l’ordre d’attaquer du gouvernement, de façon que nous ayons le temps d’envoyer des forces et de sauver nos nationaux.

Romanos vient me dire qu’il tient à envoyer sa démission de ministre à son gouvernement. « Le roi, dit-il, est pro-allemand. Je n’ai pas cessé de le répéter à M. Briand. Je l’ai supplié de ne pas lui faire confiance. Il n’a pas voulu m’écouter. Il a eu le tort de négocier avec lui. Aujourd’hui, le gouvernement français devrait reconnaître franchement le gouvernement de M. Venizelos et laisser de côté le roi et sa famille. Constantin est un faible, qui est entre les mains de la reine. En causant avec lui, il donne l’impression d’être un souverain absolu. Le prince André est venu ici au nom du roi et non pas au nom de la Grèce. M. Briand a eu tort de l’accueillir comme un ambassadeur. Votre président du Conseil croit qu’on règle tout avec des manières aimables. »

Au dire de Pénelon, Joffre est rentré le 1er décembre à Chantilly, très sombre et très maussade. Une observation amicale que lui a faite Briand