Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/122

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time que notre espace ordinaire ; l’énoncé deviendrait ainsi beaucoup plus compliqué ; mais il resterait possible.

Ainsi l’espace absolu, le temps absolu, la géométrie même ne sont pas des conditions qui s’imposent à la mécanique ; toutes ces choses ne préexistent pas plus à la mécanique que la langue française ne préexiste logiquement aux vérités que l’on exprime en français.

On pourrait chercher à énoncer les lois fondamentales de la mécanique dans un langage qui serait indépendant de toutes ces conventions ; on se rendrait mieux compte ainsi sans doute de ce que ces lois sont en soi ; c’est ce que M. Andrade a tenté de faire, au moins en partie, dans ses Leçons de Mécanique physique.

L’énoncé de ces lois deviendrait bien entendu beaucoup plus compliqué, puisque toutes ces conventions ont été précisément imaginées pour abréger et simplifier cet énoncé.

Quant à moi, sauf en ce qui concerne l’espace absolu, je laisserai de côté toutes ces difficultés ; non que je les méconnaisse, loin de là ; mais nous en avons suffisamment examinées dans les deux premières parties.

J’admettrai donc provisoirement le temps absolu et la géométrie euclidienne.


Le Principe d’inertie. — Un corps qui n’est soumis à aucune force ne peut avoir qu’un mouvement rectiligne et uniforme.