Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/124

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ils ajoutent que le principe d’inertie est vérifié indirectement par ses conséquences. Ils s’expriment mal ; ils veulent dire évidemment que l’on peut vérifier diverses conséquences d’un principe plus général, dont celui de l’inertie n’est qu’un cas particulier.

Je proposerai pour ce principe général l’énoncé suivant :

L’accélération d’un corps ne dépend que de la position de ce corps et des corps voisins et de leurs vitesses.

Les mathématiciens diraient que les mouvements de toutes les molécules matérielles de l’univers dépendent d’équations différentielles du second ordre.

Pour faire comprendre que c’est bien là la généralisation naturelle de la loi d’inertie, je demanderai qu’on me permette une fiction. La loi d’inertie, je l’ai dit plus haut, ne s’impose pas à nous à priori ; d’autres lois seraient, tout aussi bien qu’elle, compatibles avec le principe de raison suffisante. Si un corps n’est soumis à aucune force, au lieu de supposer que sa vitesse ne change pas, on pourrait supposer que c’est sa position, ou encore son accélération qui ne doit pas changer.

Eh bien, imaginons pour un instant que l’une de ces deux lois hypothétiques soit celle de la nature et remplace notre loi d’inertie. Quelle en serait la généralisation naturelle ? Une minute de réflexion nous le fera voir.

Dans le premier cas, on devrait supposer que