Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/127

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le remplacer par un des principes analogues que je lui opposais tout à l’heure, il faudrait que nous eussions été trompés par quelque surprenant hasard, comme celui qui, dans la fiction que je développais plus haut, avait induit en erreur nos astronomes imaginaires.

Une pareille hypothèse est trop invraisemblable pour que l’on s’y arrête. Personne ne croira qu’il puisse y avoir de tels hasards ; sans doute la probabilité pour que deux excentricités soient précisément toutes deux nulles, aux erreurs près d’observation, n’est pas plus petite que la probabilité pour que l’une soit précisément égale à 0,1 par exemple et l’autre à 0,2 aux erreurs près d’observation. La probabilité d’un événement simple n’est pas plus petite que celle d’un événement compliqué ; et pourtant si le premier se produit, nous ne voudrons pas croire que la nature ait fait exprès de nous tromper. L’hypothèse d’une erreur de ce genre étant écartée, on peut donc admettre qu’en ce qui concerne l’astronomie, notre loi a été vérifiée par l’expérience.

Mais l’astronomie n’est pas la physique tout entière.

Ne pourrait-on craindre que quelque expérience nouvelle ne vînt un jour mettre la loi en défaut dans quelque canton de la Physique ? Une loi expérimentale est toujours soumise à la révision ; on doit toujours s’attendre à la voir remplacée par une autre loi plus précise.

Personne cependant ne redoute sérieusement