Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/290

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les courants de conduction eux-mêmes seraient de véritables courants de convection : l’électricité resterait indissolublement attachée à certaines particules matérielles appelées électrons ; ce serait la circulation de ces électrons à travers les corps qui produirait les courants voltaïques, et ce qui distinguerait les conducteurs des isolants, c’est que les uns se laisseraient traverser par ces électrons, tandis que les autres arrêteraient leurs mouvements.

La théorie de Lorentz est très séduisante, elle donne une explication très simple de certains phénomènes dont les anciennes théories, même celle de Maxwell sous sa forme primitive, ne pouvaient rendre compte d’une façon satisfaisante, par exemple, l’aberration de la lumière, l’entraînement partiel des ondes lumineuses, la polarisation magnétique, l’expérience de Zeeman.

Quelques objections subsistaient encore. Les phénomènes dont un système est le siège semblaient devoir dépendre de la vitesse absolue de translation du centre de gravité de ce système, ce qui est contraire à l’idée que nous nous faisons de la relativité de l’espace. À la soutenance de M. Crémieu, M. Lippmann a mis cette objection sous une forme saisissante. Supposons deux conducteurs chargés, animés d’une même vitesse de translation. Ils sont en repos relatif ; cependant, chacun d’eux équivalant à un courant de convection, ils doivent s’attirer, et on pourrait, en mesurant cette attraction, mesurer leur vitesse absolue.