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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/274

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la lutte continue

tin-là, tout se passa comme de coutume, sauf qu’une balle enleva à Simpson son bonnet.

À midi, les Anglo-Canadiens n’avaient pas gagné un pouce de terrain… On s’arrêta pour se réfecter.

Les officiers étaient nerveux ; les hommes exaspérés.

— Il n’y a qu’à détruire ce nid de serpents, disait à un autre un officier supérieur qui passait près de Simpson.

Les colonels de Montizambert et Van Straubenzée, les capitaines Howard et French furent mandés en toute hâte près du général Middleton. Un quart d’heure après, la mitrailleuse et les six canons ouvraient sur les toits de Batoche un feu terrible…

Les demi-blancs et les Indiens y répondirent par une fusillade nourrie de la lisière du bois. La bataille reprenait de nouveau.

Vers 1 heure, un « Scout », un Indien, passant près d’un peloton de carabiniers, fut interpellé par l’un d’eux. Il s’arrêta. Il était petit, maigre, noir de poudre comme un démon, avec l’épaule droite toute rouge du sang qui lui coulait d’une oreille déchiquetée par une balle.

— Hé là ! le sauvage ! reprit Hurry, l’homme qui l’avait interpellé. Avec ta figure de damné, tu dois connaître un moyen, n’importe lequel, de venir à bout de ces fils de chiens…

Pitre-le-Loucheux grimaça un affreux sourire. Il répondit en mauvais anglais :

— Soldats attendre… Eux bientôt manquer de cartouches !