Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/114

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parla et une seule phrase, une seule suffit à le mettre en communion d’idée avec l’assemblée.

Tour de force qu’il conta le lendemain aux purs de la Libre-Pensée.

— Au nom du Neubourg républicain, dit-il très simplement, je bois à la prospérité des nouveaux époux !

Mais Beaugoujat, très animé, le verre à la main, s’écria :

— Je vais vous en chanter une de ma composition. Hein les amis, ça va-t-il ?

— Vas-y, Ernest, fit Jean Soutardier.

— D’abord je ne m’appelle pas Ernest, répliqua le greffier vexé.

— Bon, on ne te demande pas ton prénom, dit Joseph Soutardier. Chante, mon vieux, chante.

Et le greffier chanta :

Le plaisir nous assemble…

Mais s’interrompit pour une déclaration importante :

— Mes amis, mesdames, messieurs, je dois vous déclarer que cette chanson fort vieille n’est pas de moi. C’était vraiment par erreur que je vous l’avais indiquée comme étant de mon cru. Elle est la propriété de ma grand-mère… Encore je n’en sais rien, vu qu’elle ne me l’a pas dit. Enfin elle était en vogue dans notre bonne et chère Normandie vers l’an 1760. Je continue :

Le plaisir nous assemble.
L’amour de près le suit.
Unissons-les ensemble.
Dansons toute la nuit.
Eh mais, oui-dà !
Comment peut-on trouver du mal à ça ?

Le rythme musical de cette chanson était cadencé sur un mode lent au début, vif à la fin qui séduisit tout le monde. Cela leur rappelait cette antique Normandie dont avaient parlé les bonnes femmes de grand’mères au chef tremblant,