Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/116

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fortement secoué par la folie alcoolique aiguë et momentanée, demandait des explications au remonteur de pendules.

— Hein ! Ils vont s’étriper, vas-y, Giraud, s’écria la bossue.

Toutefois la querelle s’apaisa comme par enchantement, sans qu’on put s’expliquer cette subite accalmie.

Enfin, la bossue hissée sur une table, sa béquille dans une main, sa gibbosité dans l’autre, en chanta une raide. Chaque couplet se terminait par cette ritournelle :

C’est dégoûtant, les hommes.

Elle eut un succès fou.

Le petit gardeur d’oies, enthousiasmé, répétait :

C’est dégoûtant, les hommes.

— Veux-tu te taire, avorton, s’écria le père Mathieu. C’est pas d’ton âge.

Mais le gamin poursuivait une idée qui tout à coup partit comme un coup de fusil :

— Dites donc, Estelle, ça ne vous dégoûtait pas, sur le vieux four.

Tout le personnel, qui était au courant des amours passées de la bossue, lorsqu’elle était à la ferme avec Giraud, se tordit dans une tourmente de rire indescriptible.

— N’y a plus d’enfants, non, vrai, là, y a plus d’enfants, criait le père Mathieu.

— Sale morveux, disait la bossue en brandissant sa béquille.

— Allons danser, ajouta un convive.

Madame Beauvoisin, qui affectionnait beaucoup les Soutardier, s’y opposa.

— Pas avant que Joseph nous ait chanté quelque chose.

— C’est ça. Allons, Joseph, du bon, du neuf.

— Eh bien, les amis, en avant la romance parisienne du Chat-Noir, un cabaret épatant que vous ne connaissez pas, une romance de circonstance. Ecoutez plutôt, elle n’est pas