Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est l’autre et ainsi de suite. Alors les cerfs se gardent tout seuls.

— Vous serez content, chef, je vais me marier.

— Avec la Françoise ?

— Précisément.

— Ah ben ! Zut alors. Vous serez sur le flanc pendant deux mois. Attendez au moins que nous ayons pris tous les braconniers.

— Pour lors que je me marierais jamais.

— Pourquoi cela, Bourgougnon ?

— Dame ! v’là six mois qu’ils nous mettent sur les dents.

— Oh ! vous n’avez pas à vous plaindre.

— Sans doute ils me laissaient tranquille à cause de l’éloignement. Mais depuis que Billoin est devenu enragé, vous voyez qu’ils ont changé d’avis.

— Ne blaguez pas Billoin, c’est un bon serviteur.

— Je ne le blague pas. Seulement c’est lui qu’est cause de ce qui m’arrive. Je ne pouvais m’attendre à cela. Ils m’ont surpris, les brigands.

— Eh bien ! qu’allez-vous faire ? Prévenir M. le marquis sans doute.

Bourgougnon se frictionna le front en homme qui redoute quelque catastrophe.

— Si ce n’est pas vous ce sera moi, ajouta le brigadier. Vous comprenez que je ne veux pas qu’on me lave la tête pour défaut de surveillance. Hein ! j’ai déjà assez de la salle histoire de Billoin.

— Si Billoin n’avait rien dit, M. le marquis n’aurait rien su.

— C’est possible. Mais si on me donne l’ordre de détourner le vieux dix-cors qui n’est plus là ?

— On dira que les chiens ont pris le change sur une autre tête. Il y a une dizaine de daguets et deux jeunes dix-cors.

— Ah ! vous n’êtes guère embarrassé, vous. Ça passera une fois, mais pas deux. Je crois qu’il serait préférable de signaler au rapport la disparition du vieux et ne pas parler des autres. Vous forgerez une histoire… Enfin vous avez bien