Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/175

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lui à traiter et sifflotait un air de cor afin de se donner une contenance.

— Eh bien ! vous ne bougez pas, chef, reprit Billoin. Vous n’avez donc pas entendu ?

— Si.

— Alors, je ne comprends plus.

— Ecoutez, Billoin, hasarda le garde-chef, l’homme n’est pas de fer. La maladie qui vous a terrassé en est une preuve, n’est-ce pas. Ne vous semble-t-il pas que nous avons bien gagné quelques jours de repos ?

D’ailleurs, les braconniers ne tuent en ce moment que de la bicherie. Ne rendent-ils pas des services au marquis qui désire avoir de beaux taillis à vendre ? C’est ce que m’assurait encore avant-hier le régisseur.

— Mais puisque je vous dis que c’est Giraud.

— Que ce soit lui ou un autre…

— Ah ! chef, vous m’abandonnez.

— Vous le haïssez donc bien ?

— Oui, à cause de l’avanie qu’il m’a fait avoir, à cause des humiliations que j’ai dû subir au château.

Mais Loriot essayait de l’apaiser.

— Voyons, Billoin, voyons, tout ça c’est de l’histoire ancienne. Le marquis n’y pense déjà plus. Faites comme lui.

Le garde s’abstint de répondre, ce qui inquiéta plus le garde-chef qu’une explosion de colère.

— Hein ! tu l’embêtes, ce Billoin, mon homme, disait quelques heures plus tard la bossue à son mari qui rapportait, cachés sous sa blouse, deux superbes faisans.

— Je crois bien qu’il n’entend pas encore grand’chose.

— Que si ; une voisine, qui a été le voir, m’a affirmé qu’il va mieux.

— Alors, il faudra veiller au grain, maintenant.

— C’est ce que j’allais te dire. C’est un sale gâs que ce Billoin.