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Keill[1], pour déterminer la force du cœur, cherche d’abord la vitesse possible[2] qu’a le sang au sortir de l’aorte ; pour atteindre ce but, il compare les quantités de sang données, pendant le même temps, par l’artère et la veine crurale d’un chien, ces deux vaisseaux ayant été coupés transversalement à leur direction ; ces quantités de sang sont dans le rapport de 7+ à 3 ; faisant ensuite remarquer que tout le sang qui passe dans l’artère crurale passe aussi dans la veine de même nom, il conclut de cette supposition, détruite par les connaissances les plus superficielles en anatomie, que la vitesse du sang dans l’artère, sans empêchement, est à la vitesse du sang dans la veine (ou ce qui est la même chose dans l’artère, mais en la supposant intacte) comme 7+ est à 3.

Il a, d’ailleurs, déterminé[3] la vitesse du sang à sa sortie du cœur dans l’état normal, c’est-à-dire la vitesse du sang retardé, comme il le dit, par la résistance que présente celui déjà contenu dans le système artériel, et a trouvé que le sang parcourait 156 pieds en une minute. En s’autorisant de l’expérience précédente, qui indique que la vitesse du sang sans empêchement est à la vitesse avec empêchement, comme 7+ est à 3 ; il reconnaît que le sang parcourrait, au sortir du cœur, dans l’aorte, 390 pieds en une minute, et par conséquent 6 pieds et demi en une seconde : telle est la vitesse possible qu’il assigne au sang à l’origine de l’aorte.

Nous ne nous étendrons pas sur l’incertitude que présente cette évaluation ; il nous suffira de faire remarquer que Keill suppose que deux onces de sang sont lancées par le cœur à chaque contraction, que le temps de la systole est exactement la moitié du temps de la diastole, que la vitesse du sang dans le chien est la même que celle du

  1. Tentamina medico-physica, tentamen 3, p. 50. Londres, 1718.
  2. C’est-à-dire la vitesse qu’aurait le sang lancé par le cœur, abstraction faite de la résistance que présente le sang déjà contenu dans le système artériel.
  3. Tentam. med.-phys. de vetocitate sanguinis.