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de 7 pieds 6 pouces chez l’homme, sans alléguer aucune autre raison, c’est se prévaloir, comme expérimentateur, d’une autorité à laquelle nous sommes loin de nous rendre.

Quelque imparfait que soit le moyen employé par Hales, rendons lui cette justice de reconnaître qu’il s’est, plus que tout autre, éloigné de recherches purement spéculatives ; quoique, d’un autre côté, la force dynamique de Keill ne fût pas à rejeter du domaine de la physiologie, si elle était exacte.


Daniel Bernoulli, dans une thèse inaugurale soutenue par son élève Passavant[1], se fondant sur les expériences de Hales, suppose[2] que le cœur, effectuant chacune de ses contractions en une seconde, lance à la hauteur de 8 pieds une quantité de sang égale à une once et demie ; cela posé, les battemens du pouls se répéteraient 4,000 fois dans une heure, et par suite le cœur élèverait dans le même temps, soit 6,000 onces de sang, ou 375 livres à la hauteur de 8 pieds, soit 3,000 livres à la hauteur d’un pied[3].

Dans cette évaluation, il est essentiel de tenir compte du temps pendant lequel ces 375 livres sont élevées par le cœur, et de la hauteur qu’elles atteignent ; car, au premier abord, on serait tenté de croire cette estimation de la force dynamique bien supérieure à celle de Keill, lorsqu’au contraire elle est inférieure. En effet, si 5 onces, suivant Keill, sont élevées, en <math>\tfrac{1}{5}</math de seconde, à la hauteur de 8 pouces 6 lignes, on a 25 onces élevées à la hauteur de 8 pouces 6 lignes dans une seconde, par suite 2 onces 1 gros environ élevés à la hauteur de 8 pieds dans le même temps. La force dynamique de Keill est donc plus grande que celle trouvée par Bernoulli.

  1. Bâles, 1748, De vi cordis, Passavant.
  2. Ibid., paragr. 5.
  3. Ibid., paragr. 6.