Page:Poiseuille - Recherches sur la force du coeur aortique, 1828.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(23)

donnée par le tube appliqué à l’aorte ascendante elle-même : telle était la marche que nous nous proposions de suivre. Mais, dès les premières expériences, voulant vérifier si les opinions, émises à priori, étaient vraies, nous avons remarqué, à notre grand étonnement, que deux tubes étant, appliqués simultanément à deux artères et à des distances différentes du cœur, donnaient des hauteurs qui étaient parfaitement égales, au lieu d’être différentes, comme nous l’avions présumé : de là une grande simplification dans le travail, puisqu’on appliquant l’instrument sur une artère quelconque nous obtenions les résultats que nous aurions eus en le plaçant sur l’aorte ascendante elle-même.

Donnons la description de l’instrument que nous avons imaginé pour mesurer l’action du cœur ; nous nous occuperons ensuite, et des expériences qui constatent le fait que nous venons d’énoncer, et des conséquences que nous en avons déduit.

Soit un tube de verre (fig. 3), présentant une branche horizontale AB, une branche verticale descendante BC, et une troisième branche ascendante DE, courbé de manière à offrir en B un quart de cercle, et en CD un demi-cercle : supposons que l’on mette du mercure dans la partie GCDH, le tube étant dans une position verticale, les niveaux G et H du mercure seront à la même hauteur dans les deux branches. Si le sang s’introduit dans la partie ABG par l’orifice a, abouché à une artère, il pressera sur la surface G du mercure ; le métal sera déprimé dans la branche BC de G en K, par exemple, lorsqu’il s’élèvera dans la branche DE en I. Il est évident, d’après les lois de l’hydrostatique, que la force totale, avec laquelle le sang se meut dans l’artère, sera mesurée par le poids d’un cylindre de mercure, dont la base est un cercle qui a pour diamètre celui de l’artère, et dont la hauteur est la différence IK des deux niveaux du mercure, déduction faite, bien entendu, de la hauteur de la petite colonne de mercure qui peut faire équilibre à la colonne sanguine BK.

Le sang doit donc s’introduire dans la partie ABG de notre tube : or, s’il se coagulait, on ne pourrait nullement observer, la hauteur