Page:Poitevin - La beauté du cheval.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 23 —

Nous allons maintenant nous occuper assez longuement des yeux, qu’il faut toujours rechercher assez gros, limpides, vifs, pleins de feu, placés à fleur de tête et circonscrits par des paupières régulièrement incurvées. Il importe essentiellement, dans leur examen, de s’assurer de la parfaite intégrité de la vision, cette fonction étant une de celles dont le cheval ne peut se passer pour remplir exactement son service. On conçoit, en effet, que cet animal étant essentiellement voyageur, il faut qu’il puisse voir, afin de les éviter, les accidents de terrain, les fossés, les précipices, sans quoi sa vie et celle de son conducteur seraient à chaque instant en danger. D’un autre côté, tout le monde a pu remarquer que le cheval a plus de vigueur quand il peut voir autour de lui le vivant tableau des mouvements variés de la nature, et qu’il n’est pas étranger au noble sentiment de l’émulation ; il faut donc qu’il jouisse intégralement du sens optique, pour qu’il puisse s’animer de la vie même de tout ce qui l’entoure, et être influencé par l’énergie et par la bouillante ardeur de ses semblables.

L’examen des yeux est surtout intéressant au point de vue de l’expression qu’ils impriment à la physionomie ; ils sont comme un miroir dans lequel la vigueur, le courage et la docilité, ainsi que la méchanceté, se peignent avec les nuances qui leur sont propres. C’est par l’examen du regard d’un cheval que l’homme exercé juge, presque sûrement, de la puissance de son système nerveux et peut connaître approximativement la force qu’il est capable de développer. C’est dans le regard du cheval, et non dans les organes mécaniques, que se reflète ce cachet de supériorité native, cette force de volonté que l’on désigne sous le nom de sang, d’âme, dans le langage vulgaire, et qui supplée à l’insuffisance de ces mêmes organes mécaniques, lorsque, par son intensité trop considérable, il ne précipite pas leur ruine. Tout le monde a pu remarquer dans les rues