Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/177

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« Laisse-là ta soupe et sois riche. »
Que d’un cran je ne bougerais.
Qu’elle m’attende, je m’en fiche !
En vérité, je ne saurais,
Quand elle passerait ma porte,
Manger deux soupes à la fois,
Comme celle-ci. Non, ma foi.
Alors, que le diable l’emporte !

Assez causé. Goûtons un peu
Cette soupe, s’il plaît à Dieu !
Cristi ! Qu’elle est chaude, la garce !
Autant pour moi ! Où donc aussi,
Avais-je la cervelle éparse ?
Sans doute entre Auteuil et Bercy…
Elle ne m’a pas pris en traître
Sais-je pas sur le bout du doigt,
Que toute honnête soupe doit
Être brûlante ou ne pas être ?

Qu’est-ce à dire ? Je m’aperçois
Que j’en ai repris quatre fois.
Parbleu ! je n’en fais point mystère.
Mais j’en veux manger tout mon soûl,
Quatre fois ! peuh ! la belle affaire !
J’en reprendrais bien pour un sou.
Dussé-je crever à la peine,
Je n’aurai garde d’en laisser.
Et ne croyez pas me blesser,
En m’appelant « vieux phénomène »…