Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/184

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D’autant plus qu’en cette Italie
Leur moutarde n’est pas jolie.
Elle est un peu faiblarde, hélas !
Je ne sais trop ce qu’ils y mêlent,
De quelles fleurs ils l’hydromellent…
Trop de fleurs ! aurait dit Calchas. »

À dater de là, dit l’Histoire,
Notre homme, en son laboratoire,
Fut installé commodément.
Et le Pape, tout à son aise,
Dans de la moutarde française,
Put relever ses aliments.


Un temps après, chez le Saint-Père
Survint un second pauvre hère,
Également un Dijonnais.
— « Tu fais aussi de la moutarde ?
Lui dit il — que le ciel te garde !
Mais voilà ce que je craignais…

« Tu sauras que, dans mes offices,
On s’occupe de mes épices.
J’ai déjà mon moutardier. Vois
Si la chose te va quand même,
D’être mon moutardier deuxième,
Si l’autre y consent toutefois. »