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Il faut que ton onde soit sainte ;
Que jamais l’écumeur des mers
N’ait sur elle laissé d’empreinte :
Qu’elle n’ait jamais été teinte
Par le sang ni par les éclairs !
 
Vois notre mer, que l’algue émaille,
Te guider mollement au bord !
Et ce roc, que la lame assaille,
Ne dirait-on pas qu’il tressaille,
Et qu’il t’accueille avec transport !

Béni soit le vent qui te pousse
De si loin sur un bord chrétien,
Et dont l’haleine tiède et douce
Sur un lit de sable et de mousse
Pose le Dieu de Bethléem !

Laisse sur la grève marine,
Laisse sans regret ni remord,
Cette croix, épave divine,
Dont l’ébène sur ma poitrine
Brillera jusques à ma mort.


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