Page:Poncy - Poésies, vol. 1, 1867.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 80 —

Et les zéphyrs, sous qui la mer se plisse,
Tout lui jetait un parfum de délice

Qui l’enivrait.

Le soir… les flots avaient quitté la rive.
La barque était à sec, triste et pensive

Comme un vieillard.

Le vent soufflait. Et le ciel, sans étoiles,
Disparaissait, envahi par les voiles

Du noir brouillard.

II


Pauvre petit esquif, délaissé sur nos grèves
Comme les flots dorés, hélas ! nos premiers rêves
Nous bercent d’avenir, mais ils sont bien trompeurs !
Et nos illusions, nos amours ineffables,
Ne brillent qu’un instant, puis s’envolent semblables

À tes éphémères vapeurs.

Oui, tout luit, tout rayonne au matin de la vie !
Mais la clarté du jour de la nuit est suivie.
Quand vient le soir des ans, l’homme désenchanté,
N’étant plus soutenu par le flot d’or des rêves,
Comme toi, pauvre esquif, reste à sec sur les grèves

De la froide réalité.