Page:Poncy - Poésies, vol. 1, 1867.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 115 —

Et ta mer se débat, dans sa colère étrange,
Comme l’esprit du mal sous le pied de l’Archange.

Pourtant on m’avait dit, Eden des heureux jours,
Que ton sein nourrissait de vaillants troubadours

Qui chantaient l’amoureuse flamme,
Le premier sourire de femme,

La terre à pleines mains prodiguant ses trésors,
La gloire des guerriers, les beautés ingénues…

« Ô reine des concerts ! dit le vent dans les nues,
« Les nobles troubadours qui charmèrent ces bord,

« Ainsi que tes bardes, sont morts. »


la harpe


Oh ! ne pouvoir trouver des mains assez hardies,
Pour faire résonner mes cordes engourdies,
Un bras qui me dérobe aux coups de l’Océan !

Je regardai le ciel et j’y vis Ossian.
Le vent dans la tempête agitait son écharpe.
Lui, d’un doigt frémissant, me désignait sa harpe.
« Ramasse, me dit-il, cet auguste débris ;
« Que ton âme et tes rocs deviennent ses abris ;
« Qu’en souvenir de moi ta piété s’applique
« À sauver de l’oubli la lyre gaélique. »