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chique. Un même destin attendait & Rennes le duc Beppolen, qui, chassé par les habitants, vint s’établir à Angers et s’y rendit odieux bientôt par sa tyrannie. Un légat, Antestius, dut être député tout exprès en 587 pour réparer ses violences[1]. Licinius, — que nous appelons saint Lézin, — le remplace vers 588[2] pour déposer ses pouvoirs deux ans plus tard ; et la succession rapide de ces fonctionnaires de passage montre assez que leur autorité n’avait en ces temps ni racines locales ni délégation bien assurée. On ne trouve mention d’aucun nom nouveau jusqu’à celui de Rainfroi, le maire du palais de Neustrie, qui, vaincu à deux fois par Charles Martel, trouve appui et refuge en Anjou et ne capitule, qu’en conservant, de l’aveu du vainqueur, comme une sorte de fief, le gouvernement viager du pays (724)[3]. — Gaidulfe, de Ravenne, tient vers 755 son investiture du roi Pépin[4] qui vers le même temps (760), pénétrant en Aquitaine, recevait à Doué[5] la soumission et les otages du duc Waifre. Les Gestes des trouvères chantaient plus tard, — avec le souvenir d’un « buen duc d’Angiers, qu’on appelle Milon[6] », — les exploits poétiques de son fils le fameux Roland, qu’on sait seulement avoir commandé les marches de Bretagne[7]. C’est au même titre sans doute, que le sénéchal Auturlfe, envoyé en 786 par Charlemagne contre les Bretons, paraît aussi avoir gouverné le comté d’Anjou. Ces guerres sans fin contre des voisins ennemis devaient livrer tout le pays, durant des siècles, au passage et aux luttes des armées et à toutes les misères, mal compensées par la visite des rois et des empereurs. Louis le Débonnaire s’y arrête en 818. Il venait de donner tout le comté d’Anjou avec l’Aquitaine[8] à son fils Pépin, qui semble en avoir attribué le gouvernement à Rorgon, alors en même temps comte du Maine et plus tard inhumé à Saint-Maur-sur-Loire.

Je doute qu’il faille prendre comme des fonctionnaires ayant une délégation active dans le pays même et non pas seulement comme des abbés de cour à la suite réelle du roi, en 847, l’abbé de Saint-Serge Gairard, — l’abbé de Saint-Jean et Saint-Lézin d’Angers, Theodbaldus, mari d’Hildegarde, — l’abbé de St-Aubin Lambert, à qui des diplômes de Charles le Chauve attribuent le titre de comte, comes noster, — comes vel abbas, — comes illustris[9]. Mais il n’en va pas de même du comte Eudes, illustris comes abbé aussi de St-Aubin, qui en 850, par un échange de son domaine[10], consenti avec l’évêque, abandonna l’emplacement actuel de l’évêché, demeure ancienne de ses prédécesseurs[11], pour transférer sa résidence sur le faîte abrupte du roc hautain qui domine vers S.-O. la Maine.

Guerres Bretonnes et NormandesÀ cette date toute la frontière bretonne et nantaise est en feu. Pendant que Nominoé, le roi des Bretons, s’avançait jusqu’au Mans, son allié Lambert, le comte

  1. Grég. de T., VIII, 18, 41 et 43.
  2. Comes atque dux Andegavensium erat. Boll., février, III, 672.
  3. D. Bouq., II. 684.
  4. Ibid., VI, 639.
  5. Au Vieux-Doué, c’est-à-dire à la Chapelle-sous-Doué.
  6. Hist. litt., XXII, p. 683.
  7. Il existe on denier de Charlemagne au nom de Roland et probablement de cette époque, sans qu’on puisse affirmer son origine angevine.
  8. Andegavensem comitatum cum abbatiis et fiscis in eodem pago sitis. Boll, janvier, t. II. p. 338.
  9. 1er Cartul. St-Serge, f. 7, et G 689 ; Cartul. St-Aubin, f. 5.
  10. Ex comitatu suo, Hauréau, Pr., p. 145.
  11. In qua comitum predecessorum suorum sedes fuisse memoratur. Ibid.