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XVI
INTRODUCTION

en faux, et à l’appui de leurs prétentions, ils n’ont souvent apporté que la preuve illusoire de la maintenue de 1668, c’est-à-dire la preuve de cent ou deux cents ans de noblesse, pour un fait qui en exigeait quatre ou cinq cents. Nous n’avons pas dû procéder de cette manière ; toutes les fois qu’il y a identité de nom entre plusieurs familles d’ancienne extraction noble, nous n’avons pu attribuer à l’une d’elles, en particulier, une illustration à laquelle les autres peuvent prétendre avec les mêmes probabilités. Nous avons regretté que la facilité d’admission au musée de Versailles ait diminué la valeur morale de cette galerie féodale[1], comme nous avons applaudi à la haute pensée de justice qui élevait un moment à toutes les gloires de la France.

Dans un petit nombre de cas, nous avons tenu compte de traditions de familles, traditions toujours respectables, mais dont la preuve est impossible ; aussi ne les avons-nous admises qu’à titre de prétentions, sans nous porter garant de leur plus ou moins de fondement. Cette observation regarde spécialement les familles que nous déclarons issues en ramage ou juveigneurie de quelques maisons illustres et presque souveraines. Quant aux devises, quoique portées héréditairement, elles ont été arbitrairement prises, à l’exception d’un bien petit nombre, concédées par octroi souverain ; mais nous avons toujours trouvé intéressant de les reproduire.

Ce qui précède suffit pour faire connaître sur quelles données et dans quel esprit nous avons composé notre livre. Un mot maintenant sur les ouvrages que nous avons le plus fréquemment consultés, sans préjudice du bulletin bibliographique qui suivra cette introduction.

Parmi les sources les plus sûres où nous avons puisé, nous devons placer en première ligne les histoires et les preuves de D. Lobineau et de D. Morice, l’histoire généalogique des grands officiers de la couronne, par le P. Anselme, et celle des illustres maisons de Bretagne, par le P. Augustin du Paz. Nous n’avons eu garde de négliger non plus l’Armorial breton de Guy le Borgne, parce qu’il est à juste titre très apprécié du bibliophile et de l’antiquaire, et nous l’avons cité chaque fois qu’il nous a fourni un nom nouveau.

Nous savons qu’il n’a pas tous les caractères d’authencité[sic] désirables ; il parut en 1667, un an avant la Réformation, et quelques-unes des familles qu’il mentionne ont été condamnées par les commissaires ; mais il est extrêmement précieux en ce qu’il fait connaître les familles éteintes avant cette époque ; il rapporte avec la naïveté d’un légendaire tout ce qu’on croyait autour de lui sur les familles, sauf, dit-il, au lecteur prudent et sage d’en faire le discernement, et son livre indique, principalement pour les évêchés de Tréguier et de Léon, qu’il connaissait mieux, quelles étaient de son temps les familles regardées comme nobles, ou vivants noblement et tenants terres et fiefs nobles, ce qui est déjà une grande présomption de

  1. Grâce à cette complaisance, on voit figurer parmi les croisés bien des noms pour l’admission desquels l’homonymie seule a suffi. Aucune admission n’a été faite d’office, excepté celle des grands dignitaires cités dans Joinville et autres histoiriens des croisades ; mais les familles éteintes des simples gentilshommes et celles existantes qui n’ont pas sollicité leur admission de M. Trognon, improvisé juge d’armes par succession des d’Hozier, ne sont pas inscrites dans ce soi-disant Livre d’or. Le faubourg Saint-Germain boudait la cour du roi-citoyen ; en le prenant par la vanité, Louis-Philippe obtint un certain nombre de conversions et atteignit le but plus politique qu’historique qu’il se proposait, tout en récompensant les ralliés au système dit du Juste-milieu.