Page:Potier de Courcy - Nobiliaire et armorial de Bretagne, 1890, tome 3.djvu/322

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ET DE L ORGANISATION MILITAIRE DE LA BRETAGNE


et recrutee, ainsi que les francs archers et les 6lus, dans les gens de bas 6tat ; enfln, au mois de juin 1481, il ordonna lamontre gén§rale de la noblesse des neuf 6véchés, ou nous voyons apparallre pour la premiere foisquelques rares couleuvrines d main et escopettes, qui devinrent ensuite des arquebuses.

Jusqu’au développement du syst&me des armes a feu, la poliorcétique du moyen &ge 6tait k peu pr&s celle des Romains et Ton se servait de la plupart de leurs machines sous di(Iérents noms.

Ainsi, pour battre les mursen brfeche, on avail le Mlier ; pour s’approcher des murailles d’une place assi<§gée, on construisait en bois des tours roulantes nominees beffrois, munies a l’gtage supSrieur d’un pont que Ton faisait tomber sur la muraille pour y entrer de plain-pied ; pour combler et pour passer les fossés, on se servait du chat, iiommiS aussi truie et tortue (Tapproche % et du mantelet, machines qui rSpondaient au pluteus, k la vinea ot au musculm des Romains ; enfln, pour lancer des pierres et des dards, on avait des engins qu’on distinguait sous le nom de batistes, catapultes et mangonneaux, et qui remplagaient dans l’attaque et la defense notre artillerie actuelle.

Ce terme d’artillerie, formé du vieux francjais artiller (rendre fort par art), est d’ailleurs de beaucoup anterieur k Tusage des bouches k feu, et s’appliquait k tous les engins [ingenia) et machines de guerre qui précfcdferent l’invention de la poudre et aux ouvriers chargés de les fabriquer et de les faire jouer. Les artilliers ou engignours (ingénieurs) comprenaient encore les pionniers, les mineurs ou sapeurs, et ensuite les canonniers, tous hommes de metiers, dont les services, pour n’fitre pas moins utiles que ceux de la chevalerie, n’dtaient pas toutefois aussi brillants et pla-Caient les artilliers aux derniers rangs de la hiérarchie militaire *. Cette d f’aveur se prolongea m&me bien tard, puisque les preuves de noblesse exig£es dans les dernifcres anndes de Tancien regime pour les offlciers d’infanterie, de cavalerie, de dragons etde marine, en un mot, pour tout C3 qui combattait corps k corps, n’Stai point demandées pour l’arme de l’artillerie et du génie. . On donna aux premieres armes k feu le nom de bombardes, onomatopée du bruit que font ces armes en tirant, et le nom de bdtons ou canons, k cause de leur ressemblance avec une canne. Lis Flamands en possédkrent les premiers et s’en servirent contre les Frantjais, qui asstegeaient le Quesnoy en 1340 ; aussi Froissart, parlant de ce stege, dit : Ceulx de la ville d£cliquerent contre eulx (les Fran^ais) canons et bombardes qui gectoient grands quarreaux. On sait que les Anglais k la bataille de Crécy, en 1346, employment Sgalement ce nouveau moyen de destruction, qui effraya tellement les Fran^ais, qu’il fut la principale cause de leurdéfaite. L’u3age s’en introduisit pour la premiere fois en Bretagne ausi&ge de BScherel, en 1363, et avait pris dks le commencement du sifecle suivant une assez grande extension, car nous

  • lis 6taient toutafois exempts de fouages ainsi que les francs archers, comme on l’apprend d’une

enqu£t3 d9 1478 pour la paroisse de Saint-Broladre, dans laquelle figure : « Jean Salmon, canonnier du due, fane soubs couleur du diet office et a apparu le double du mandement du due du nombre des canonniers de sa retsnue, auquel il est rapporte. »

On remarque aussi dans les anoblissemsnts et franchises du XV« siecle : «4iaoulet le Charpentier, maitre de la charpenterie du due et faisauc des engins, canons et bombardes du pays de Bretagne, anobli et franc hi en 1437, paroisse de Saint-Judoce. » ’