Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/173

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De nos sueurs plus altérée,
Sur la peau du peuple avili,
Grouille une vermine dorée :
Grâce à Dieu, l’ordre est rétabli !

C’est grâce à Dieu qu’on nous écrase,
N’est-il pas la vis du pressoir ?
Il faut pour faire table rase
Briser l’idole et l’encensoir.
Nais, justice, et grandis, Science ;
En vous créant l’homme ennobli
Pourra dire à sa conscience :
Grâce à moi, l’ordre est rétabli !

Donc l’ordre est rétabli ! mais, crois-tu, vieille Usure,
Ton sac bien recousu par ton assassinat ?
Crois-tu, quand la Commune a troué ta masure,
Reboucher la crevasse avec un septennat ?

Croyez-vous, gens de l’ordre et des saines doctrines,
Inquisiteurs logés dans la peau des bourgeois,
Avoir des communeux extirpé les racines,
Pour qu’il en soit de nous comme des Albigeois ?

Vieux monde, ô moribond, pourri par les deux Romes,
Crevant d’hypocrisie et de servilité,
Crois-tu donc pour avoir tué cent mille hommes,
Dormir sur l’oreiller de la stabilité ?

Parce que des héros en fumant leur cigare
Sont morts à Satory, — bien morts : fiers, dédaigneux !
Et que pour maquiller l’histoire qui s’égare
Tu souilles leur cadavre en tes journaux hargneux ;

Parce que déportant dans la Calédonie
Tes vaincus par milliers, et toujours, et sans fin,
Tu laisses torturer leur sinistre agonie
Par l’argousin du bagne, et la soif, et la faim ;