Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/45

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Des dieux balayer les décombres,
Gravir la route épée aux dents,
Triompher des rois et des castes
Et, dans ce combat éternel,
Pendant mille siècles néfastes,
Traîner son fardeau maternel.
 
Près d’elle un groupe de tout âge !
Le plus jeune a le fer en main :
« Employons le forceps, courage,
» Que tout s’achève avant demain ! »
Ah ! jeune homme, en cette heure amère,
La science te le défend,
Tu risques de blesser la mère,
Tu risques de tuer l’enfant.
 
Des pièces de cent sous vivantes,
Se parlent bas : « S’il vient à bien,
» Agio, banque, achats et ventes,
» Tout est fini : l’Or n’est plus rien.
» Si ce n’est qu’une fausse couche,
» On verra la Bourse monter,
» Grimpons à pieds joints sur sa couche,
» Tâchons de la faire avorter ! »
 
Place aux derniers, aux misérables,
Aux va-nu-pieds, aux rejetés,
Peuplant par foules innombrables
Les campagnes et les cités.
« Il n’est plus d’ennemi qui bouge,
» Mère, mère, l’heure a sonné,
» Couvre de notre drapeau rouge
» Le berceau de ton nouveau-né ! »
 

Paris, juin 1848.