Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/84

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Nous voulions de cette genèse
Tirer l’homme et le sort meilleurs ;
La gangrène a repris les âmes
Et la chiourme le galérien.
Quoi ! toujours cendre et jamais flammes ?
Ô volcan, tu ne sais donc rien ?

On a mitraillé les guenilles,
La misère étant un forfait !
De quel pain vont vivre nos filles ?
Notre œuvre, hélas ! qu’en a-t-on fait ?
Nous voulions dans les plus infimes
Faire germer le citoyen.
Quoi, toujours empourprer les cimes
Ô soleil, tu ne sais donc rien ?

La bave aux crocs, la rage crève,
Plus haineux, l’avenir fait peur,
Le charnier a bu notre sève,
Nous n’avons plus de sang au cœur.
La France agonise étouffée,
Le Bourgeois succède au Prussien.
Quoi ! toujours ton brouillard de fée,
Lointain bleu, tu ne sais donc rien ?

C’est Naissance et non Funérailles,
Répond la sombre Humanité.
Ne vois-tu pas que mes entrailles
Vont enfanter l’Égalité ?
Éponge le sang qui nous couvre,
L’enfant de ma chair c’est le tien !
Quoi ! douter ? lorsque mon flanc s’ouvre,
Ô penseur, tu ne sais donc rien ?


Gravesend, juillet 1871.